Agritech et Digifermes, de nouveaux noms pour une nouvelle agriculture. Après avoir été l’objet de moqueries pendant des décennies, le paysan a retrouvé droit de cité dans les milieux qui le considéraient, il n’y a pas si longtemps, comme un arriéré. Mais attention, pour avoir ses lettre de noblesse, le paysan d’aujourd’hui doit être bio, produire surtout des légumes et « retrouver les gestes d’antan » selon la formule qui plait à tous ceux qui adoooorent « les petits producteurs ».
A côté de cette nouvelle image d’Epinal, il y a toujours la masse des agriculteurs, ceux qui produisent pour nourrir la population et qui ne sont pas pour autant des empoisonneurs. Ils travaillent dur, sont bio ou pas, et ont en général comme objectif de fournir des produits de qualité. Quelle drôle d’idée a bien pu germer dans la tête de certains pour penser qu’un paysan puisse sciemment fournir un produit qui présenterait un risque pour le consommateur !
Parmi les agriculteurs, les plus jeunes explorent le champ (sans jeu de mots) de l’Agritech et comprennent le parti qu’ils peuvent en tirer. L’expérience du réseau des digifermes est une illustration de cette démarche de l’agriculture connectée.
Les Digifermes, c’est quoi ?
Dans l’Agritech, les Digifermes constituent aujourd’hui un réseau de fermes expérimentales disséminées sur le territoire français qui promeuvent une vision de l’agriculture connectée. C’est de la R&D agricole fondée sur plusieurs axes :
- le pilotage numérique des productions : capteurs en tous genres, outils satelliaires pour prendre la bonne décision au bon moment.
- la robotique : pour de nouveaux outils et plus de précision.
- la valorisation des data pour suivre les marchés, organiser le travail et optimiser le métier d’agriculteur.
Appuyées par Arvalis et différents partenaires agricoles, les Digifermes expérimentent de nouveaux modèles pour la ferme connectée de demain. Ces agriculteurs veulent faire avancer leur métier et renouveler l’idée du travail et des savoirs paysans.
Agritech et Digifermes, l’exemple des clôtures connectées
La question de la pose et du déplacement des clôtures constitue une contrainte importante pour les éleveurs. Dans ce contexte, la clôture virtuelle est expérimentée dans les digifermes sur le principe technique suivant : Les animaux portent des colliers avec un boîtier GPS et une batterie. La clôture virtuelle fonctionne par géolocalisation. Il suffit de définir un périmètre sur l’application qui transmet ensuite l’information par satellite au collier. Ce dernier va émettre un signal sonore à l’animal s’il se rapproche de la limite et lui envoyer un signal audio ou électrique. Au bout de trois avertissements, le collier se déconnecte et ne conserve que la fonction GPS. L’éleveur reçoit alors une alerte sur son téléphone lui indiquant que l’animal s’est échappé. Il peut alors le géolocaliser et le retrouver.
Les clôtures sont ajustables et modifiables sur l’application. Le collier pèse environ 1,7 kg. Il est équipé de panneaux solaires permettant de recharger la batterie. L’expérimentation a encore un coût élevé mais les premières évaluations sont encourageantes
Le programme 5G4AGRI
Issu du programme national France Relance et piloté par la Chambre d’Agriculture des pays de Loire, le projet 5G4AGRi vise la création d’une plateforme de création de produits et services liés à la 5G pour l’agriculture. Il s’inscrit dans le développement de l’Agritech et concerne déjà plusieurs Digifermes. Réunissant agriculteurs, monde académique, startups… le programme 5G4AGRi s’intéresse d’abord à :
- la robotique et les cultures (téléguidage et téléopération de robots en culture)
- la télémédecine vétérinaire
- le monitoring des animaux
Loin des clichés, des agriculteurs déjà très connectés
Contrairement aux idées reçues, la profession agricole est déjà largement connectée. Les chiffres donnés par le Ministère de l’agriculture et de l’alimentation en témoignent.
Conclusion
Pour tous ceux qui gardent l’image du plouc quand ils pensent aux paysans, pour les autres qui les considèrent comme des empoisonneurs, un seul conseil : intéressez-vous à l’agriculture qui bouge, qui évolue avec son temps. Explorez l’Agritech et les Digifermes. Et pourquoi pas, allez rendre visite à un de ces nouveaux agriculteurs.
