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Silicon Valley Bank : contagion ou pas ?

par Paul Metraux
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Effondrement de la Silicon Valley Bank

Depuis 2008 et la crise des subprimes, on se méfie des vents mauvais venant des USA. Quand il y a des odeurs bizarres dans les banques américaines, on finit souvent par renifler quelque chose en Europe. En général ça ne sent pas toujours très bon. Et plus les autorités financières rassurent tout le monde plus on est inquiet. La panique n’étant pas un sentiment très rationnel, on peut toujours craindre des phénomènes incontrôlés. Alors, Silicon Valley Bank : contagion ou pas ?

Premier acte : l’effondrement de Silicon Valley Bank

« Prends l’oseille et tire-toi », c’est en gros ce qui s’est passé jeudi 9 mars chez les clients de la SVB. Symbole du capitalisme numérique, SVB s’est d’abord développé à un rythme effréné. Attirant les dépôts de des startups de Californie et d’ailleurs, la banque a investi. Elle l’a fait d’abord de manière relativement prudente puisqu’elle a acheté beaucoup de bons du Trésor américain et des obligations à long terme. Rien de plus normal et plus honnête pour une banque.

Le grain de sable est venu de la montée des taux d’intérêts faisant fondre la valeur des obligations américaines de long terme. Il n’y aurait pas eu de problème si tout le monde était resté calme. Mais voilà, les clients de SVB voyant que la Banque accusait des pertes, se sont précipités pour retirer leur argent. Pour faire face aux retraits, SVB vend ses obligations à perte et la panique s’enclenche. Le « bank run » renverse tout sur son passage.

A qui la faute ?

SVB a pris des risques avec plus d’actifs que de dépôts. Elle n’a pas diversifié ses investissements. Elle a certes  pris beaucoup de risques mais les banques américaines ont des superviseurs (réserve fédérale, Etats) et rien n’a été fait pour anticiper une dérive prévisible.. Même si les USA ont beaucoup appris de la crise de 2008, tout n’est pas sous contrôle. Jamais. La fameuse « régulation » tant vantée par certains experts financiers a encore des lacunes.

intervention du Trésor américain à l'occasion de l'effondrement de la Silicon Valley Bank

Second acte :  l’arrivée de la cavalerie

Comme dans les westerns les « tuniques bleues » du Trésor et de la banque fédérale américaine sont arrivées à la rescousse. Et l’action a été beaucoup plus rapide que lors de la crise de 2008. Tous les dépôts seront couverts, même ceux dépassant la limite garantie des 250 000 dollars. La décision est sage puisqu’en évitant de pénaliser les déposants on peut éviter d’autres vagues de retraits dans d’autres banques, ce qui fragiliserait grandement l’édifice financier.

Les conditions sont différentes de celles du « sauvetage » à la mode 2008. Janet Yellen, la secrétaire d’Etat au Trésor a demandé aux banques américaines de reprendre les activités de SVB. La branche britannique a d’ailleurs été reprise par HSBC pour une livre symbolique. Joe Biden assure que ça ne coûtera pas un dollar au contribuable américain. Peut-être… Mais les banques, qui abondent le FDIC (Federal Deposit Insurance Corporation) l’agence de garantie des dépôts bancaires, pourraient bien répercuter les frais, d’une manière ou d’une autre, sur leurs clients.

Silicon Valley Bank : contagion ou pas ?

Aujourd’hui, on ne sait pas encore si les mesures prises éviteront la contagion à d’autres banques. Il y a eu moins de tergiversations qu’en 2008 mais, si on ajoute les remous du délirant secteur des cryptomonnaies, la situation n’est pas stabilisée. L’élément rassurant c’est que la crise actuelle s’appuie sur un problème d’obligations légales assez banales et pas sur des actifs toxiques comme en 2008. Si tout reste rationnel, la crise passera. Mais la stabilité financière mondiale repose sur un équilibre délicat et le fameux « risque systémique » de l’argent qui ne circule plus entre les banques existe toujours.

Epilogue

La seule certitude aujourd’hui est… qu’on ne sait pas grand-chose. On se contente de commentaires et de supputations. Le ministre français de l’économie assure « qu’on ne court aucun risque de contagion ». Certes, mais la ministre de la santé estimait fin 2019 que le virus du Covid n’arriverait pas jusqu’à nous et resterait sagement dans sa Chine natale. Et en 1986, le gouvernement assurait que le nuage de Tchernobyl ne franchirait pas la frontière. Si tout le monde reste calme, Etats, institutions financières, investisseurs, particuliers (pas forcément les plus rationnels) le système financier tiendra. Mais même si l’apocalypse n’est pas encore à l’ordre du jour, il y aura forcément des conséquences dans l’économie réelle.

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